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La fuite (suite)

  Mero s’élan?ait dans les ruelles étroites de la ville, ses pas résonnant contre les pavés. Les cris des hommes du Serpent se faisaient entendre au loin, comme un écho lugubre. Sa respiration était rapide, haletante, son esprit s’effor?ant de garder son calme alors que ses muscles se tendent sous l’adrénaline. Il n’avait aucune idée d’où il se trouvait, ni comment il avait atterri dans ces quartiers. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il ne pouvait pas se laisser rattraper.

  Devant lui, un marché bourdonnait d’activité. Des étals débordaient de fruits, de viandes, d’épices. Des marchands criaient leurs prix, leur voix se mêlant à celle des clients. Mero slalomait entre les passants, ses yeux cherchant à percer l’horizon. Là, au loin, il aper?ut l’imposante silhouette de la Banque impériale. C’était là qu’il devait se rendre, se mettre à l’abri. Mais comment l’atteindre avant que ses poursuivants ne le rattrapent ?

  Ses jambes se mettaient à br?ler, mais il ne ralentissait pas. Il devait les semer, tout prix. Si le Serpent et ses hommes l’attrapaient, il serait une proie facile. Une idée traversa son esprit comme un éclair. Les toits. Oui, il avait encore cette chance-là, avant que l’étau ne se resserre. Il n’avait jamais vraiment eu peur des hauteurs. L’instinct de survie parlait plus fort.

  Les caisses empilées contre un mur attiraient son regard. Il n’hésita pas une seconde, et se précipita en avant, grimpant avec agilité. D’un coup de pied, il s’élan?a vers un rebord de fenêtre, s’y agrippant de toutes ses forces. Le vent fouettait son visage, mais il s’en fichait. Une fois en haut, il respira profondément, ses yeux cherchant la direction à prendre. La banque était encore loin, mais le chemin était dégagé. Le moment était venu.

  Derrière lui, les cris des hommes du Serpent résonnaient, plus proches que jamais. Il les avait attirés jusque-là, mais il n’avait pas encore été vu. C’était sa chance. Il avan?a, chaque mouvement réfléchi, mesurant les tuiles sous ses pieds, sautant d’un toit à l’autre avec la fluidité d’un félin. La ville s’étendait devant lui comme une carte dépliée. Il ne devait pas se laisser distraire. Pas maintenant.

  Soudain, un craquement sous son pied. Une tuile se brisa, et son corps chuta légèrement. Il s’accrocha d’instinct à une gouttière, mais la chute ne fut pas sans conséquence. La vitesse de la descente le fit glisser sur la paroi de l’immeuble. Il s’accrocha de justesse. Le sol, en dessous, était un chariot de foin. La chance, ou la fatalité, lui offrait un répit. Il n’hésita pas. Il se laissa tomber.

  Le vent siffla dans ses oreilles. Un impact sourd, suivi du bruit étouffé du foin. Mais à peine son corps toucha-t-il le sol qu’un coup de feu éclata. Il se figea, le c?ur battant à tout rompre. Il sentit un frisson d’angoisse, mais pas de douleur. Pas cette fois. Leurs tirs étaient imprécis. Il n’avait pas le temps de regarder s’il avait été touché.

  Il se redressa en un éclair. Les bruits derrière lui se faisaient plus insistants. Il n’avait pas de temps à perdre. Il se précipita à travers les ruelles, évitant de justesse des obstacles, se faufilant entre les batiments. Le marché était devant lui, et c’était là qu’il allait se fondre dans la foule. Plus de tempête, plus de cris. Le tumulte était sa chance. Il se glissa entre deux étals, renversant une caisse de fruits derrière lui dans un éclat de bruits pour ralentir ses poursuivants. Des cris fusèrent, mais il n’eut pas le temps de se retourner.

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  Un autre tir, plus proche. Une bouteille éclata à quelques centimètres de sa tête. Le verre se brisa, et une vive douleur per?a son esprit. Mais il ne se laissa pas distraire. La fuite était sa priorité.

  Il repéra une charrette, chargée de tonneaux. C’était risqué, mais c’était sa chance de fuir. Il n’avait pas le luxe de réfléchir. Il accéléra, son corps fr?lant les étals, et d’un bond, il s’élan?a sur le char, s’agrippant au bois. Ses mains se saisirent des tonneaux, et il se roula dessus, cherchant à se cacher, son c?ur battant dans sa poitrine. Le conducteur n’avait rien remarqué. Le cheval démarra.

  Le bruit des voix derrière se fit plus lointain, mais Mero ne relacha pas sa vigilance. Il attendait, retenant son souffle, jusqu’à ce que le tumulte du marché se calme, que les bruits de la ville deviennent moins pressants. Alors seulement, il osait jeter un regard.

  La banque était proche. à portée de main.

  Mais une douleur aigu? dans son bras gauche le fit grimacer. Il venait de sentir un filet de sang couler, et il se rendit compte qu’il avait été touché. Le tir, imprécis, mais assez pour l’atteindre. Ses doigts serrèrent les tonneaux. Sa machoire se contracta.

  Ils avaient fait couler son sang. Mais leur sang allait couler à son tour. Il se leva, ignorant la douleur. Il était arrivé près de la banque, mais il n’avait pas l’intention de s’arrêter là.

  Il aper?ut un marchand d’armes dans une ruelle. Il s’approcha, ses pas lourds mais déterminés. Il n’avait pas d’armes. Pas encore. Il se dirigea directement vers l’échoppe, sans réfléchir.

  Le marchand leva les yeux, mais il comprit immédiatement. Mero ne lui laissa pas le temps de parler. Il prit un sabre sur l’étal, testant le poids de la lame dans sa main. L’arme était parfaite, aff?tée et équilibrée. La vengeance se faisait attendre, mais elle était là, prête à éclater.

  Le marchand ne dit rien, hochant silencieusement la tête, et Mero lui dit de charger le prix de l’arme au Capitaine de son bateau. La transaction était simple, presque banale. Mais dans son esprit, une tempête se préparait.

  Mero s’éloigna, serrant le sabre dans sa main droite. L’arme était lourde, mais il la tenait avec une détermination farouche. Un regard furtif dans une fontaine lui renvoya son reflet. Un adolescent, haletant, au bras en sang. Mais ses yeux, ces yeux-là, étaient remplis de feu. De vengeance. Et la peur s’était dissipée. Elle n’avait plus sa place.

  Il trempa son foulard dans l’eau et s’enroula autour de sa blessure. Ce n’était pas le moment de s’arrêter pour se soigner. Ses poursuivants n’allaient pas tarder.

  Il se faufila dans l’ombre. Deux hommes se tenaient non loin de là. Ils n’avaient pas remarqué sa présence. Leur fin était proche.

  Mero s’approcha avec la discrétion d’un prédateur. Le premier homme n’eut même pas le temps de crier. La lame du sabre traversa son dos, juste sous les c?tes. Le rale du mort s’éteignit dans un souffle étouffé. Mero se retourna immédiatement, réagissant à l’instant où l’autre se retournait, les yeux grands ouverts, figés de terreur. Mais il était déjà trop tard.

  La lame fendit l’air en un arc précis, coupant la main du second homme d’un geste vif. Le cri de l’agonisant se perdit dans la rue déserte. Mero l’attrapa par le col, le sabre appuyé contre sa gorge.

  


      
  • Qui vous envoie ? demanda Mero d’une voix froide, implacable.


  •   


  L’homme tremblait, le regard égaré. La peur était palpable.

  


      
  • C’est... c’est le Maitre Serpent. Il veut ta tête avant que tu quittes la ville...


  •   


  Le Maitre Serpent. Celui dont Mandarine lui avait parlé. Celui qui, apparemment, n’avait pas bien compris qui il avait affaire. Mero resserra sa prise sur le col, le regard glacial.

  


      
  • Où est-il ? gronda-t-il.


  •   
  • Au port… il attend ton cadavre pour être payé...


  •   


  Au port. Bien s?r. Il voulait l’empêcher de quitter la ville. Mero lacha l’homme, qui s’effondra en sanglotant sur le sol, avant de se tourner dans la direction du port.

  Il n’avait pas de temps à perdre. Le Maitre Serpent devait mourir. Et ce soir-là, Mero ferait en sorte que personne ne le retire de sa vengeance. Pas un ne sortirait vivant.

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